Mistral gagnant

Miss Maggie
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
Femmes du monde ou bien putains 
Qui bien souvent êtes les mêmes 
Femmes normales, stars ou boudins, 
Femelles en tout genre je vous aime 
Même à la dernière des connes, 
Je veux dédier ces quelques vers 
Issus de mon dégoût des hommes 
Et de leur morale guerrière 
Car aucune femme sur la planète 
N' s'ra jamais plus con que son frère 
Ni plus fière, ni plus malhonnête 
A part peut-être Madame Thatcher 

Femme je t'aime parce que 
Lorsque le sport devient la guerre 
Y'a pas de gonzesse ou si peu 
Dans les hordes de supporters 
Ces fanatiques, fous-furieux 
Abreuvés de haine et de bières 
Déifiant les crétins en bleu, 
Insultant les salauds en vert 
Y'a pas de gonzesse hooligan, 
Imbécile et meurtrière 
Y'en a pas même en Grande-Bretagne 
A part bien sûr Madame Thatcher 

Femme je t'aime parce que 
Une bagnole entre les pognes 
Tu n' deviens pas aussi con que 
Ces pauvres tarés qui se cognent 
Pour un phare un peu amoché 
Ou pour un doigt tendu bien haut 
Y'en a qui vont jusqu'à flinguer 
Pour sauver leur autoradio 
Le bras d'honneur de ces cons-là 
Aucune femme n'est assez vulgaire 
Pour l'employer à tour de bras 
A part peut-être Madame Thatcher 

Femme je t'aime parce que 
Tu vas pas mourir à la guerre 
Parc' que la vue d'une arme à feu 
Fait pas frissonner tes ovaires 
Parc' que dans les rangs des chasseurs 
Qui dégomment la tourterelle 
Et occasionnellement les Beurs, 
J'ai jamais vu une femelle 
Pas une femme n'est assez minable 
Pour astiquer un revolver 
Et se sentir invulnérable 
A part bien sûr Madame Thatcher 

C'est pas d'un cerveau féminin 
Qu'est sortie la bombe atomique 
Et pas une femme n'a sur les mains 
Le sang des indiens d'Amérique 
Palestiniens et Arméniens 
Témoignent du fond de leurs tombeaux 
Qu'un génocide c'est masculin 
Comme un SS, un torero 
Dans cette putain d'humanité 
Les assassins sont tous des frères 
Pas une femme pour rivaliser 
A part peut être Madame Thatcher 

Femme je t'aime surtout enfin 
Pour ta faiblesse et pour tes yeux 
Quand la force de l'homme ne tient 
Que dans son flingue ou dans sa queue 
Et quand viendra l'heure dernière, 
L'enfer s'ra peuplé de crétins 
Jouant au foot ou à la guerre, 
 A celui qui pisse le plus loin 
Moi je me changerai en chien 
si je peux rester sur la Terre 
Et comme réverbère quotidien 
Je m'offrirai Madame Thatcher 

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La pêche à la ligne
(Paroles : Renaud Séchan) 

C'est à peine l'aurore
Et je tombe du plume
Mon amour dort encore
Du sommeil de l'enclume
Je la laisse à ses rêves
Où je n' suis sûrement pas
Marlon Brando l'enlève,
Qu'est c' que je foutrais là ?
Sur un cheval sauvage,
Ils s'en vont ridicules
Dehors y'a un orage,
Y sont mouillés c'est nul !
Moi j'affûte mes gaules
Pour partir à la pêche
Musette sur l'épaule,
Saucisson, bière fraîche

Quand le soleil arrive,
Mon amour se réveille
Le coeur à la dérive,
Les yeux pleins de sommeil
Téléphone à sa mère
Qu'est sa meilleure amie
Paroles éphémères
Et tous petits soucis
J'aimerais bien entendre
Ce qu'elle dit de moi
C'est sûrement très tendre,
Enfin bon, j'entends pas
Moi je plante mon hameçon
Tout en haut d'une branche
Je tire sur le nylon,
Me ruine une phalange

Le jour avance un peu,
Mon amour se maquille
Un oeil et puis les deux,
C'est futile mais ça brille
Qui veut-elle séduire,
Je suis même pas là
Je me tue à lui dire
Qu'elle est mieux sans tout ça
Que ses yeux sont plus clairs
Quand ils sont dans ma poche
Que vouloir trop plaire
C'est le plaisir des moches
Moi je sors une truite
D'au moins cent vingt kilos
J' ai pitié trop petite,
Je la rejette à l'eau

Il est midi passé,
Je reviens les mains vides
Trop de vent, pas assez,
L'eau était trop humide
Alors je rentre chez moi
Triste comme un menhir
Et personne n'est là
Pour m'entendre mentir
Mon amour est partie,
Est partie pour toujours
J'ai perdu mon amour
Et j'ai perdu ma vie

J'emmènerai dimanche
Si je peux la gamine
S'emmêler dans les branches
A la pêche à la ligne

J'emmènerai dimanche
Si je veux la gamine
S'emmêler dans les branches
A la pêche à la ligne

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Si t'es mon pote
(Paroles : Renaud Séchan) 

Bon, d'accord, j'ai triché
j'ai r'posé l'w
discrètement.
J'savais pas où l'placer,
J'pensais pas qu' tu rn 'voyais 
sincèrement.
On annule la partie,
si tu veux on l'oublie,
on l'efface.
J'ai quatre cents points d'avance, 
et ça c'est pas d'Ia chance, 
c'est la classe.

Mais si t'es mon pote,
tu m'laisses tricher au Scrabble, 
tu ramènes pas ta gueule 
quand tu m'vois magouiller. 
Moi je veux juste gagner ,
ça m'amuse pas de jouer ,
si t'es mon pote: tu t'tais !

Bon, d'accord, il est tard,
pi t'en as un peu marre
des bistrots.
T'as beau boire comme un trou,
t'arrives pas à être saoul,
t'as pas d'pot.
Mais faut pas rn 'planter là, 
moi j'suis fait comme un rat, allumé.
Je m'en fous, arrache-toi,
la tournée c'est pour moi, enfoiré !

Mais si t'es mon pote,
tu m'laisses pas boire tout seul,
et tu m 'fais pas la gueule
quand tu m 'vois délirer . 
J't'offre un verre chez Ali, 
le dernier, c'est promis,
si t'es mon pote: tu m'suis !

Bon, d'accord, elle est bonne,
mais j'vois pas c'qu'elle te donne 
de plus que moi.
Des s'maines que tu m'délaisses 
pour une histoire de fesses, 
j'le crois pas !
Fais gaffe que l'amitié
se laisse pas enterrer
par cette peste
qu'est jalouse comme un pou, 
qui t'connaît pas du tout,
et qui m'déteste.

Mais si t'es mon pote,
t'avoues qu'c'est un peu la crainte, 
c'est pas franch'ment une sainte, 
c'est pas Christine Ockrent.
Pi elle a l'intellect
plutôt près d'la moquette,
si t'es mon pote: tu jettes !

Bon, d'accord, j'suis taré, 
frimeur comme une voiture
de pompiers.
C'est qu'j'ai été bercé
un peu trop près du mur
tout bébé.
Mais faut tout m'pardonner , 
parc' que d'main j'peux crever ,
c'est la vie.
Jamais tu t'en r'mettrais 
et qu'est-ce qui t'resterait 
comme ami ?

Mais si t'es mon pote,
tu meurs un peu avant moi.
J'te promets qu'toutes les s'maines,
t'auras des chrysanthèmes.
Mais tant que je suis là,
n'oublie pas que je t'aime
et qu'si t'es mon pote: tu m'aimes ! 
Si t'es mon pote: tu n'aimes
que moi !

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Mistral gagnant
(Paroles : Renaud Séchan) 

Ah m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra
En serrant dans ma main tes p'tits doigts
Pis donner à bouffer à des pigeons idiots
Leur filer des coups d' pied pour de faux
Et entendre ton rire qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir mes blessures
Te raconter un peu comment j'étais mino
Des bonbecs fabuleux qu'on piquait chez l' marchand
Car-en-sac et Mintho, caramel à un franc
Et les mistral gagnants

Ah marcher sous la pluie cinq minutes avec toi
Et regarder la vie tant qu'y en a
Te raconter la Terre en te bouffant des yeux
Te parler de ta mère un p'tit peu
Et sauter dans les flaques pour la faire râler
Bousiller nos godasses et s' marrer
Et entendre ton rire comme on entend la mer
S'arrêter repartir en arrière
Te raconter surtout les carambars d'antan, les cocos-boërs
Et les vrais roudoudous qui nous coupaient les lèvres
Et nous niquaient les dents
Et les mistral gagnants

Ah m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder l' soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants c'est pas nous
Que si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage d'être deux
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistral gagnants
Et les mistral gagnants

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Trois matelots
(Paroles : Renaud Séchan) 

Nous étions trois jeunes matelots,
Trois beaux marins grands et costauds
Embarqués un jour à Toulon
Sans uniforme et sans gallon
Sur le porte-avions Clemenceau
Nous étions trois jeunes militaires,
Pas trop amoureux de la guerre
Et nous voulions bien nous faire tondre
En échange d'un tour du monde
Sur un joli bateau en fer

Le premier de ces matelots
Etait breton jusqu'au mégot
Mais il était con comme un manche,
Comme un déjeuner du dimanche,
Comme un article du Figaro
'l'avait grandi au bord de l'eau
Et n'en avait jamais bu trop
A quinze ans pour une donzelle,
Il a déserté La Rochelle
Pour les remparts de St Malo
Rue de la soif on le vit beau
A écumer tous les tripots
Mais lorsque s'en venait l'aurore,
Rouler de bâbord à tribord
Et s'échouer dans le ruisseau
Voulu partir sur un bateau
Goûter un peu du Sirocco
En pensant avec raison
Que l'océan rendait moins con
Et qu' pour lui y' avait du boulot

Dieu qu'elle est belle l'histoire des trois matelots
Presqu' aussi belle que l' pont du Clemenceau

Le deuxième de ces matelots
Etait corse dans toute sa peau
Il était méchant comme la tourmente,
Vicieux comme une déferlante
Comme un article de Jean Cau
'l'avait grandi au bord de l'eau,
Mais n'en buvait que dans l' Pernod
A quinze ans par un légionnaire,
S'est fait tailler une boutonnière
Près d' la citadelle d'Ajaccio
Est devenu un vrai salaud,
S'est fait tatouer les biscotos
Entre le prénom de sa mère,
Des loups, des serpents, des panthères
Et le Christ au milieu du dos
Voulu partir sur un bateau
Pour ne jamais vivre comme un veau
Et pour faire voyager sa haine
De cette putain de race humaine
Peuplée de rats et de blaireaux

Dieu qu'elle est longue l'histoire des trois matelots
Presqu' aussi longue que l' pont du Clemenceau

Le dernier de ces matelots
C'était moi j'étais parigot
J'étais bon comme la romaine,
Rusé, malin comme une hyène
Musclé comme un flan aux pruneaux
J'avais grandi très loin de l'eau,
J'en buvais autant qu'un moineau
A quinze ans j'ai quitté Paname
Pour chasser d' mon coeur une femme
Qui voulait y faire son berceau
J'ai bourlingué comme un clodo
J'ai rencontré des écolos
Qui m'ont dit : "Va voir les baleines
Qui vivent dans les eaux lointaines
Tu verras que ce monde est beau"
Voulu partir sur un bateau
Pour voir la Terre d'un peu plus haut
Doubler l' Cap Horn dans les deux sens
Et voyager de Recouvrance
Jusqu'aux bordels de Macao

Dieu qu'elle est dure l'histoire des trois matelots
Presqu' aussi dure que l' pont du Clemenceau

Le premier de ces matelots
Qui était con comme un drapeau
Il a fini plein de gallons,
Plein de sardines sur son veston
Et plein de merde sous son calot

Le deuxième de ces matelots
Qui était méchant comme un corbeau
Il a fini dans une vitrine
Au Ministère de la Marine
Petit chef derrière un bureau

Le dernier de ces matelots
S'est fait virer de son bateau
Pour avoir offert son pompon
A une trop jolie Ninon
Contre un baiser sucré et chaud

Si votre enfant est un salaud,
Un vrai connard, une tête pleine d'eau
Faites-en donc un militaire
Alors il fera carrière
Sur un navire, dans un bureau

Mais s'il est bon, mais s'il est beau,
Même s'il est un peu alcoolo
Qu'il fasse son tour de la Terre
Tout seul sur un bateau en fer
Mais pas su' le pont du Clemenceau

Simple soldat, brave matelot,
Surtout ne m'en veuillez pas trop
Cette chanson je ne l'ai chantée
Que pour les planqués, les gradés
Les abonnés du Figaro

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Tu vas au bal ?
(Paroles : Renaud Séchan) 

Tu vas au bal qu'y m' dit
J'u'y dis qui, y m' dit toi
J'u'y dis moi, y m' dit oui
J'u'y dis non je veux pas,
C'est trop loin
Y m' dit bon
Et toi t'y vas qu'j'u'y dis
Y m' dit qui, j'u'y dis toi
Y m' dit moi, j'u'y dis oui
Y m' dit non j'y vais pas,
J'ai un rhume et j'ai froid
Alors on n'a pas dansé,
On est restés à parler
On n'a rien regretté
Y parait de toute façon
Que c'était un bal con

Tu vas aux putes qu'y m' dit
J'u'y dis qui, y m' dit toi
J'u'y dis moi, y m' dit oui
J'u'y dis non je veux pas,
C'est trop loin
Y m' dit bon
Et toi t'y vas qu'j'u'y dis
Y m' dit qui, j'u'y dis toi
Y m' dit moi, j'u'y dis oui
Y m' dit non j'y vais pas,
J'ai malade et j'ai froid
Alors on n'a pas baisé,
On est restés à parler
On n'a rien regretté
On n'avait pas d'argent,
Y parait qu' c'est payant, poils au dent

Tu vas à l'église qu'y m' dit
J'u'y dis qui, y m' dit toi
J'u'y dis moi, y m' dit oui
J'u'y dis non je veux pas,
C'est trop loin, j' t'ai d'jà dit
Y m' dit bon
Et toi t'y vas qu' j'u'y dis
Y m' dit qui, j'u'y dis toi
Y m' dit moi, j'u'y dis oui
Y m' dit non j'y vais pas,
Y fait froid et j'ai froid
Alors on n'a pas prié,
On est restés à parler
On n'a rien regretté
Car nos âmes sont tordues
Pour pécher c'est le pied
(Nos hameçons tordus, pour pêcher)

Petit pont de bois

Mon pote est mort de froid
D' toute façon y m' gonflait
Y voulait jamais bouger,
Y savait que poser des questions un peu con, comme vous
Alors j' l'ai enterré
Pis j' suis allé danser
Avec les putes du quartier
Dans l'église ravagée
Et j'ai rien regretté
Mais alors rien du tout
Tsouin, tsouin

C'est fini
Ouais
Ah bon, bon bin ça suffat comme si,
Faisez-en des chansons, vous

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Mort les enfants
(Paroles : Renaud Séchan) 

Chiffon imbibé d'essence,
Un enfant meurt en silence
Sur le trottoir de Bogotá
On ne s'arrête pas
Dechiqu'tés aux champs de mines,
Décimés aux premières lignes
Morts les enfants de la guerre
Pour les idées de leur père

Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles et grabataires
Se partagent l'univers

Mort les enfants de Bopale,
D'industrie occidentale
Partis dans les eaux du Gange,
Les avocats s'arrangent
Morts les enfants de la haine
Près de nous où plus lointaine
Morts les enfants de la peur
Chevrotine dans le coeur

Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles et militaires
Se partagent l'univers

Morts les enfants du Sahel,
On accuse le soleil
Morts les enfants de Seveso,
Morts les arbres, les oiseaux
Morts les enfants de la route,
Dernier week-end du mois d'août
Papa picolait sans doute
Deux ou trois verres, quelques gouttes

Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles et tortionnaires
Se partagent l'univers

Mort l'enfant qui vivait en moi,
Qui voyait en ce monde-là
Un jardin, une rivière
Et des hommes plutôt frères
Le jardin est une jungle,
Les hommes sont devenus dingues
La rivière charrie des larmes,
Un jour l'enfant prend une arme

Balles sur l'ambassade,
Attentat grenade
Hécatombe au ministère
Sur les gravats, les grabataires

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Baby sitting blues
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
Sam'di soir on est d'virée 
On a confié la gamine 
A la gonzesse d'à côté, 
la voisine 
On lui a dit "tu peux manger 
y'a des oeufs dans l'frigidaire 
Tu peux r'garder la télé 
y'a Drucker 
Réponds pas au téléphone 
Sauf si on te téléphone 
Pis surtout t'ouvres à personne 
Si on sonne 
Si la p'tite elle fait la foire 
Tu lui racontes une histoire 
Si elle a soif tu la fais boire 
mais pas trop" 
  
Baby sitting blues, baby sitting blues 
C'est l' blues de maman papa 
qui s'en vont pis qu'assument pas 
C'est l' blues de papa maman, 
le feu à l'appartement ceci-cela 
  
La voisine est étudiante 
mais elle est quand même gentille 
Elle prépare une thèse sur Kant, 
elle m' la fera lire 
Elle a monté ses affaires, 
ses lunettes et son cartable 
Posé son gros dictionnaire 
sur la table 
Y' avait pas beaucoup d'images, 
ma gamine a pas aimé 
Elle a arraché toutes les pages 
sans s' presser 
C'était plutôt mal barré 
entre la grande et la p'tite 
Elles étaient pas vraiment branchées 
sur l' même trip 
  
Baby-sitting blues, baby sitting blues 
C'est l' blues de maman papa 
qui s'en vont pis qu'assument pas 
C'est l' blues de papa maman 
qui s'emmerdent au restaurant, pi ça se voit
  
La p'tite a voulu manger, 
l'étudiante lui a dit "bon 
J' vais t' préparer une purée 
au jambon" 
Ma fille a dit "l'a du gras", 
a foutu l'assiette par terre 
C'est normal elle aime pas l' gras, 
elle aime que son père 
Ta purée elle est caca, 
je veux une om'lette aux oeufs 
Et un grand verre de coca 
ou même deux 
Le baby sitter excédé 
lui file un choco BN, 
Un yaourt pas très sucré 
pis une beigne 
  
Baby sitting blues, baby sitting blues 
C'est l' blues de maman papa 
qui s'en vont pis qu'assument pas 
C'est l' blues de papa maman 
qui balisent en attendant la fin du r'pas 
  
La grande va bientôt craquer 
déjà elle veut plus d'enfant 
S'écroule devant la télé, 
pas longtemps 
Ma gamine arrive en pleurs 
"veux voir une K7 maint'nant 
Celle des schtroumpfs et d' leur bonheur 
écoeurant" 
Pis qu'après on lui raconte 
une histoire où y'a des loups 
Une princesse et pis un monstre 
et c'est tout 
La baby sitter veut bien, 
mais seul'ment après Drucker 
Ma gamine y colle un pain 
par derrière 
  
Baby sitting blues, baby sitting blues 
C'est l' blues de maman papa 
qui s'en vont pis qu'assument pas 
C'est l' blues de papa maman 
qui s' demandent si en rentrant ça ira 
  
Sam'di soir ça a baigné, 
on a paniqué pour rien 
La p'tite avait assuré 
plutôt bien 
Elle bouquinait dans sa piaule 
"La Critique de la raison pure" 
Trouvait ça Presqu' aussi drôle 
que Ben Hur 
La grande dormait comme un veau, 
l'a fallu la réveiller 
En lui jetant des seaux d'eau 
bien glacés 
L'est partie en titubant 
pis ça m'a coûté dix sacs 
Les baby sitters maint'nant 
quelle arnaque !
  
Baby sitting blues, baby sitting blues 
C'est l' blues de maman papa 
qui s'en vont pis qu'assument pas 
C'est l' blues de papa maman 
le feu à l'appartement ceci-cela 
  
Baby sitting blues, baby sitting blues 
C'est l' blues de maman papa 
qui s'en vont pis qu'assument pas 
C'est l' blues de papa maman 
le feu à l'appartement ceci-cela 
  
C'est pas moi qu'ai mis l' feu à l'appartement, c'est ceci-cela 

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P'tite conne
(Paroles : Renaud Séchan) 
 
Tu m'excuseras mignonne
D'avoir pas pu marcher
Derrière les couronnes
De tes amis branchés
Parc' que ton dealer
Etait peut-être là
Parmi ces gens en pleurs
Qui parlaient que de toi
En regardant leur montre,
En se plaignant du froid
En assumant la honte
De t'avoir poussée là

P'tite conne 
tu leur en veux même pas,
Tu sais que ces charognes 
sont bien plus morts que toi...

Tu fréquentais un monde,
d'imbéciles mondains
Où cette poudre immonde
Se consomme au matin
Où le fric autorise
A se croire à l'abri
Et de la cour d'assises
Et de notre mépris
Que ton triste univers
Nous inspirait malins
En sirotant nos bières
Ou en fumant nos joints

P'tite conne 
tu rêvais de Byzance
Mais c'était la Pologne 
jusque dans tes silences

On se connaissait pas
Aussi tu me pardonnes
J'ai pas chialé quand t'as
Cassé ta pipe d'opium 
J'ai pensé à l'enfer
D'un téléphone qui crie
Pour réveiller ta mère
Au milieu de la nuit
J'aurai voulu lui dire
Que c'était pas ta faute
Qu'à pas vouloir vieillir
On meurt avant les autres

P'tite conne 
tu voulais pas mûrir,
Tu tombes avant l'automne 
juste avant de fleurir

Et t'aurais-je connu
Que ça n'eût rien changé
Petite enfant perdue
M'aurais-tu accepté ?
Moi j'aime le soleil
Tout autant que la pluie
Et quand je me réveille
Et que je suis en vie
C'est tout ce qui m'importe
Bien plus que le bonheur
Qu'est affaire de médiocres
Et qui use le coeur

P'tite conne 
c'est oublier que toi 
t'étais là pour personne
Et qu' personne était là

Tu m'excuseras mignonne
D'avoir pas pu pleurer
En suivant les couronnes
De tes amis branchés
Parc' que ton dealer
Etait peut-être là
A respirer ces fleurs
Que tu n'aimerais pas
A recompter ces roses
Qu'il a payé au prix
De ta dernière dose
Et de ton dernier cri

P'tite conne 
allez, repose toi 
tout près de Morisson
Et pas trop loin de moi 

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Le retour de la Pépette
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
Y'en a une qu'est vachement impatiente, 
C'est la Pépette qui part en vacances 
Demain elle s'en va planter sa tente, 
Sur une plage au bord de la France 
  
Elle prépare ses affaires, énervée, 
Elle s'agite, elle s'affaire, elle panique 
Depuis le temps qu'elle est paniquée, 
Elle rêve d'un grand amour exotique 
  
Elle a pris un cache-col, un chandail, 
Sa robe jaune un p'tit peu déchirée 
Un poisson surgelé, des tenailles, 
Sa valise en carton va craquer 
  
Elle est quand même heureuse d'être contente 
L'a réussi à plier sa tente 
  
Premier jour de vacances infernal, 
La pépette a voulu s'éclater 
Elle a pris une leçon d' planche à voile, 
Même la planche a failli se noyer 
  
Pépette a bu la moitié d' la mer 
Pis elle s'est fait mal à le genou 
Et tout le pétrole du Finistère 
A fini dans ses grands cheveux mous 
  
Elle est allée s' doucher au camping, 
Pis elle a commencé à flipper 
A cause des marques blanches sous son string 
Pis du reste de sa peau toute brûlée 
  
Elle est quand même furieuse d'être en colère, 
Y'a moins d' risque avec le nucléaire 

Elle se oint, elle s'enduit, elle s' pommade 
De monoï et de crème nivéa 
Elle veut pas qu' son p'tit corps se dégrade 
Car ce soir elle va au Macumba 
  
Une giclée d'opium pour sentir bon 
Sur la nuque et pis derrière les bras 
Un coup d' brosse pour refaire son chignon, 
Elle est prête à tomber Travolta 
  
Elle hésite la robe jaune ou l'écossaise, 
Les collants, les chaussettes ou les bas 
Qu'est c' qui s'ra l' plus pratique si elle baise 
Qu'est c' qui f'ra flipper les autres nanas 
  
Elle est quand même étonnée d'être surprise 
Devant la cont'nance de sa valise 
  
Finalement elle se fringue en Pépette, 
En madone des machines agricoles 
Au bout d' cinq heures elle est enfin prête 
Mais la boite est fermée manque de bol 
  
Alors elle va s' manger une pizza 
Au jambon et au centre commercial 
Et elle sanglote en pensant à moi, 
Ce qui est complèt'ment immoral 
  
Un troufion qui arrosait la quille 
Vient lui faire un compliment grotesque 
Genre vous êtes belle comme que'que chose qui brille 
Elle en tombe amoureuse aussi sec 
  
Elle est quand même déçue d'être triste 
D' pas tomber sur un parachutiste 
  
Y s' font dévorer par les moustiques 
Toute la nuit sous la tente sur la plage 
Au matin y' s' font un p'tit pique-nique 
Un sandwich au fourmis et fromage 
  
Alors avec un bâton en bois 
Y's écrivent leur prénom sur le sable 
Elle dessine un coeur et lui un foie 
Pis y r'gardent l'horizon lamentable 
  
Elle va lui chercher des cigarettes 
Au village 10 bornes à pied c'est long 
Quand elle revient lui il a fait baskets 
En lui gaulant sa valise en carton 
  
Dedans y' avait ses robes et ses sous, 
Ses papiers, des tenailles, un poisson 
Ses vacances sont foutues pour de bon, 
L'avait qu'à faire un peu attention et c'est tout

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Fatigué
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
Jamais une statue ne sera assez grande 
Pour dépasser la cime du moindre peuplier 
Et les arbres ont le coeur infiniment plus tendre 
Que celui des hommes qui les ont plantés 
Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais 
J'échangerai la sève du premier olivier 
Contre mon sang impur d'être civilisé 
Responsable anonyme de tout le sang versé 
  
Fatigué, fatigué 
Fatigué du mensonge et de la vérité 
Que je croyais si belle, que je voulais aimer 
Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé 
Fatigué, fatigué 
  
Fatigué d'habiter sur la planète Terre 
Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable 
Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers 
Berceau de la bêtise et royaume du mal 
Où la plus évoluée parmi les créatures 
A inventé la haine, le racisme et la guerre 
Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs 
Et amène le sage à cracher sur son frère 
  
Fatigué, fatigué 
Fatigué de parler, fatigué de me taire 
Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère 
Quand la moitié du monde en assassine un tiers 
Fatigué, fatigué 
  
Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens 
Massacré les baleines, et bâillonné la vie 
Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens 
Qui ont même réussi à pourrir la pluie 
La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écoeure 
Depuis l'horreur banale du moindre fait divers 
Il n'y a plus assez de place dans mon coeur 
Pour loger la révolte, le dégoût, la colère 
  
Fatigué, fatigué 
Fatigué d'espérer et fatigué de croire 
A ces idées brandies comme des étendards 
Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir 
Fatigué, fatigué 
  
Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages 
Me nourrir de la terre, être ami des oiseaux 
Et puis avoir la tête si haut dans les nuages 
Qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau 
Je voudrais être un arbre et plonger mes racines 
Au coeur de cette terre que j'aime tellement 
Et que ces putain d'homme chaque jour assassine
Je voudrais le silence enfin et puis le vent 
  
Fatigué, fatigué 
Fatigué de haïr et fatigué d'aimer 
Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier 
Fatigué des discours, des paroles sacrées 
Fatigué, fatigué 
  
Fatigué, fatigué 
Fatigué de sourire, fatigué de pleurer 
Fatigué de chercher quelques traces d'amour 
Dans l'océan de boue où sombre la pensée 
Fatigué, fatigué 

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