Putain de camion

Jonathan
(Paroles : Renaud Séchan)  
  
U JONATHANE UYI JUDANA 
UYI SIHLANYANA 
U'MNGISANA UHI NZULANA 
KODWA U JONATHANE U M'AFRIKA 
NGE NZALO 
IREBELE, ELEHLAZA ELEMILE 
  
Entre guitare et fusil 
Jonathan a bien choisi 
Ses chansons sont des pavés 
Des brûlots 
Qui donnent des ailes aux marmots 
Sa musique a fait rouiller 
Les barbelés 
Et scié bien des barreaux 
A Soweto, dans le ghetto 
Jonathan pourtant ne porte aucun drapeau 
  
Entre le noir et le blanc 
Jonathan n'a pas choisi 
Car depuis la nuit des temps 
Il sait aussi 
Que tous les salauds sont gris 
Que l'homme est un loup pour l'homme 
Un peu partout 
Jonathan sait pourtant 
Qu'à Soweto, dans le ghetto 
Les loups blancs sont plus sauvages et plus méchants 
  
Jonathan est un peu feuj' et un peu fou 
Un peu british, un peu zoulou 
Mais Jonathan est africain avant tout 
Rebelle, vivant et debout 
  
Entre les loups, les agneaux 
Jonathan , je t'ai choisi 
Tu m'as raconté Neil Aggett 
Et Steve Biko 
Assassinés par les fachos 
  
Moi je t'ai parlé d'Eloi Machoro 
Des enfoirés qu'ont eu sa peau 
Et puis Loïc, et puis nos flics 
Jonathan, prête-moi ta guitare que j' t'explique 
  
Jonathan, je suis comme toi un peu fou 
Un peu kanak, un peu zoulou 
Un peu beur, un peu basque, un peu tout 
Rebelle, vivant et debout 
  
Entre guitare et fusil 
Jonathan a bien choisi 
Ses chansons sont des pavés 
Des brûlots 
Qui donnent des ailes aux marmots 
Sa musique a fait rouiller 
Les barbelés 
Et scié bien des barreaux 
A Soweto, dans le ghetto 
Jonathan pourtant ne porte aucun drapeau. (bis) 

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Il pleut
(Paroles : Renaud Séchan) 

Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux
J' sais qu' tu s'ras jolie quand même
Mais quand même tu s'ras partie
Moi y m' restera à peine
Que ma peine et mon envie
De te coller quelques beignes
Et quelques baisers aussi

Fais gaffe, dehors c'est pas mieux
Y'a d' la haine dans tous les yeux
Y'a des salauds très dangereux
Et des imbéciles heureux
Je suis mille fois meilleur qu'eux
Pour soigner tes petits bleus
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux

Tu peux pas t' casser parc' que
T'as pas l' droit, c'est pas du jeu
On avait dit qu' tous les deux
On resterait près du feu
T'aurais pu attendre un peu
J'allais bientôt être vieux
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux

Tu peux pas t' casser, je t'aime
A m'en taillader les veines
Et pi d'abord ça suffit
On s' casse pas à six ans et d'mi
Allez, d'accord, t'as gagné
Je te rallume la télé
Mais tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux

Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller mes yeux

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La mère à Titi
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
Sur la tabl' du salon 
Qui brille comme un soulier 
Y'a un joli napp'ron 
Et une huitr'-cendrier 
  
Y'a des fruits en plastique 
Vach'ment bien imités 
Dans une coupe en cristal 
Vach'ment bien ébréchée 
  
Sur le mur, dans l'entrée 
Y'a les cornes de chamois 
Pour accrocher les clés 
D' la cave où on va pas 
  
Les statuettes africaines 
Côtoient sur l'étagère 
Les p'tites bestioles en verre 
Saloperies vénitiennes 
  
C'est tout p'tit, chez la mère à Titi 
C'est un peu l'Italie 
C'est l' bonheur, la misère et l'ennui 
C'est la mort, c'est la vie 
  
Y'a une belle corrida 
Sur un moche éventail 
Posé au d'ssus du sofa 
Comme un épouvantail 
  
Sur la dentelle noire 
Y'a la mort d'un taureau 
Qui a du mal à croire 
Qu'il est plus sous Franco 
  
Y'a une pauvre vierge 
Les deux pieds dans la flotte 
Qui se couvre de neige 
Lorsque tu la gigotes 
  
Le baromètr' crétin 
Dans l'ancre de marine 
Et la photo du chien 
Tirée d'un magazine 
  
C'est tout p'tit, chez la mère à Titi 
Mais y'a tout c' que j' te dis 
C'te femme là, si tu la connais pas 
T'y crois pas, t'y crois pas 
  
Sur la télé qui trône 
Un jour j'ai vu un livre 
J' crois qu' c'était "Le Grand Meaulnes" 
Près d' la marmite en cuivre 
  
Dans le porte-journeaux 
En rotin tu t'en doutes 
Y'a Nous-Deux, l' Figaro 
L' Catalogue d' la Redoute 
  
Pi au bout du couloir 
Y'a la piaule à mon pote 
Où vivent ses guitares 
Son blouson et ses bottes 
  
Sa collec' de B.D. 
Et au milieu du souk 
Le mégot d'un tarpé 
Et un vieux New Look 
  
C'est tout p'tit, chez la mère à Titi 
Le Titi y s'en fout 
Y m' dit qu' sa vie est toute petite aussi 
Et qu' chez lui, c'est partout 
  
Quand y parle de s' barrer 
Sa mère lui dit qu'il est louf' 
Qu'il est même pas marié 
Qu' ses gonzesses sont des pouffes 
  
Et qu' si y s'en allait 
Pas question qu'y revienne 
Avec son linge sale à laver 
A la fin d' chaque semaine 
  
Alors y reste là 
Etouffé mais aimé 
S'occupe un peu des chats 
En attendant d' bosser 
  
Y voudrait faire chanteur 
Sa mère y croit d'ailleurs 
Vu qu'il a une belle voix 
Comme avait son papa 
  
C'est tout p'tit, chez la mère à Titi 
C'est un peu l'Italie 
C'est l' bonheur, la misère et l'ennui 
C'est la mort, c'est la vie

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Triviale poursuite
(Paroles : Renaud Séchan) 

Question d'histoire d'abord :
Où est la Palestine ?
Sous quelle botte étoilée ?
Derrière quels barbelés ?
Sous quel champ de ruines ?

Question d'histoire encore :
Combien de victimes,
Combien de milliers d'enfants
Dans les décombres des camps
Deviendront combattants ?

J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi

Question d' géographie :
Où est la Kanaky ?
Combien de flics, de soldats
Pour tenir Nouméa
Pour flinguer Eloi ?

Combien de petits blancs
De colons arrogants
Se partagent la terre ?
Et combien de misère
Pour le peuple kanak ?
Combien de coups de matraque ?

J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi

Question de sport :
Qui détiendra le record
Et restera vivant
Libre et innocent
Derrière les barreaux ?
Vingt ans pour Otelo
Autant pour Mandela
Et combien de hors-la-loi
Chez ces p'tits juges en bois
Dont on fait les salauds

J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi

Question science et nature :
Où balancer ces ordures ?
Allez, à la Vologne !
Ces chiens qui assassinent
Ces rats qui emprisonnent !

Question d' littérature :
Qui a écrit que les hommes
Naissaient libres, égaux ?
Libres mais dans le troupeau
Egaux devant les bourreaux ?

J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi
Souffre-moi
Souffre-moi

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Me jette pas
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
 Ben tu vois
Même moi
J'ai craqué
J'ai glissé
Quelquefois
Qu'est-c' tu crois ?
Qu' j' suis en bois ?
Qu' ces pisseuses
Aguicheuses
Me laissent froid ?
Même moi
Qu'est-c' tu crois ?
Qu' j' suis un ange ?
Qu' ça m' démange
Pas un peu ?
Déteste-moi
Mon amour
J'aimerai ça
Pas toujours
Mais un peu
 
Mais me jette pas
J' suis consigné chez toi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
 
Tu r'marqueras
Qu' j'ai pas nié
Pris la main
Dans l' panier
J'ai avoué
J'ai pas dit
C'est pas moi
Cette fille j' la
Connais pas
J' la connais
Après tout
Tu t'en fous
Tu savais
Qu' la vie est
Dégueulasse
Que l'amour
Dure toujours
Et qu' c'est là
Qu'est parfois
L'angoisse
 
Mais me jette pas
N'existe pas sans moi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
 
T'as raison
Les hommes sont
Des salauds
Des pas beaux
C'est pour ça
Que j' préfère
Les nanas
J' les préfère
Un peu trop
Quelquefois
Tu m' dis qu' toi
C' que t'aimes pas
C'est l' mensonge
Que ça t' ronge
Et qu' tu meurs
Moi c'est la
Vérité
Qu' j' trouve triste
A pleurer
Et je pleure
 
Mais me jette pas
J' me f'rai tout p'tit, tout plat
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
 
Y'a pas d'ange
Sur cette terre
A part dans
Les cimetières
Les églises
Y'a qu' des types
Comme il faut
'Vec leur bite
Leur couteau
Sous la ch'mise
J' suis qu' un mec
Fais avec
Mais fais pas
Comme moi
Mon amour
Où à peine
Pour t' venger
Mais sans haine
Sans regret
Sans amour
 
Mais me jette pas
Moi non plus je m'aime pas
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
 
Mais me jette pas
Moi non plus je m'aime pas
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi

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Rouge-gorge
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
Prolo ordinaire
Peuple de Paris
Rouge-gorge est fier
D'être né ici
Quartier populaire
Bistrots et bougnats
Et marchés couverts
Rues des enfants rois
Rouge-gorge doit
Son surnom bizarre
A sa jolie voix
Et à son foulard
Rouge son foulard
Autour de son cou
Rouge sa mémoire
A jamais debout

Rouge-gorge chante
Le Temps des Cerises
Dans les rues vivantes
Lorsqu'un jour arrive
Le temps des noyaux
Et des bulldozers
Et des vrais salauds
En costumes clairs
Quelque sous-ministre
A attaché-case
Et mine sinistre
L'âme versaillaise
Décrète trop vieux
Tout ce quartier-là
Y foutra le feu
Si l'vieux s'en va pas

Rasée la maison
Détruit l'atelier
Des cages en béton
Les ont remplacés
Adieu, réverbères
Ampoules au plafond
Bonjour la lumière
Des tristes néons
Chassés les prolos
Et chassée la vie
Parkings et bureaux
Ont bouffé Paris
Les petites gens
Sont des gens sérieux
Iront gentiment
Peupler les banlieues

Chante Rouge-gorge
Le temps des cerises
Savigny-sur-Orge
Paraîtra moins grise
Chante aussi Paname
Que les assassins
Ont livré aux flammes
Sans brûler leurs mains
Chante la mémoire
Que Doisneau préserve
De Paris, le soir
D'avant qu'elle crève
Chante la bâtarde
Paris-la-soumise
Que Doisneau regarde
Et qui agonise

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Allongés sous les vagues
(Paroles : Renaud Séchan)
  
Allongés sous les vagues
Le soleil dans les yeux
Loin des cris de la plage
Où s'ébattent joyeux
Des enfants dérisoires
Des crétins boutonneux
Des lecteurs de France Soir
Et des chiens dangereux
On est bien tous les deux
Si bien que peu s'en faut
Qu'un aigri malheureux
Ne nous jette un seau d'eau
 
Allongés sous les vagues
S'appelle ma chanson
Plus c'est con, plus ça passe
A la télévision
 
Il faisait du soleil
Elle faisait du vélo
Moi je l'ai vue pareille
A Marylin Garbo
Sortie d'une aquarelle
Dans sa ch'mise à carreaux
Elle était plus que belle
Je n'étais pas que beau
Elle pédalait, volage
Dans les dunes imberbes
Parfumée d'Eau Sauvage
Et ça sent pas la merde
 
Dévorés par les nuages
S'appelle mon poème
Plus c'est con, plus ça passe
Sur les radios F.M.
 
Sur ma planche de surf
Moi je fendais l'écume
Je suais comme un boeuf
Mais bon, j'avais un rhume
J'étais musclé comme un
Copain d' Marlon Brando
Qu'est pas sur la photo
Mais qu'est musclé très bien
Quand elle m'a vu si beau
Comme une pierre elle est
Tombée de son vélo
Et s'est mise à rier
 
Poursuivis pas les crabes
S'appelle ma ballade
Plus c'est con, plus ça passe
Dans les boîtes minables
 
Je lui ai dit: Mignonne
Viens me rejoindre à l'eau
Quand on y est, elle est bonne
Quel talent ! Quel culot !
Elle a mis dans la s'conde
Son string clouté Prisunic
Et a plongé dans l'onde
Et les sacs en plastique
Depuis nous nous aimons
Comme s'aiment les oiseaux
Les huitres, les poissons
Et puis les pédalos
 
Qu'est-ce qu'y faut pas chanter
Comme conneries affligeantes
Pour espérer entrer
Un jour au Top Cinquante

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Cent ans
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
 J'ai cent ans et j' suis bien content
J' suis assis sur un banc
Et je regarde les contemporains
C'est dire si j' contemple rien
J' file des coups d' canne aux passants
Des coups d' pompe aux clébards
Qui m'énervent et j' me marre
On peut rien m' dire, j' suis trop vieux
Trop fragile, trop précieux
J'ai cent ans qui dit mieux
 
J'ai plus d'amour, plus d' plaisir
Plus de haine, plus d' désirs
Plus rien
Mais j' suis comme le platane
Un peu d' pluie, j' suis en vie, ça m'suffit
J' suis bien
 
J'ai des marmots qui m' courent partout autour
Des gonzesses moins, mais ça mange pas d' pain
J' parle aux oiseaux, comme disait l'autre idiot
Et j' me d'mande où j'ai mis mon chapeau
 
J'ai cent ans et j' suis bien content
J'ai encore mal aux dents
Mais la souffrance c'est très rassurant
Ca n'arrive qu'aux vivants
J'attends tranquille sur mon banc
Que ce vieux monde explose
Tant il se décompose
Moi ça fait quatre vingt quinze ans
Que j' crois plus à grand chose
Il est temps que j' me repose
 
J'ai plus d'amour, plus d' plaisir
Plus de haine, plus d' désirs
Plus rien
Mais j' suis comme le platane
Comme ma canne, j' suis solide et ancien
J' suis bien
 
J' souhaite pas aux p'tits jeunes une bonne guerre
Vu qu' moi j'en ai pas eu, à part Mai 68
Mais j' me rappelle même plus en quelle année c'était
Ni qui c'est qu'avait gagné
 
J'ai pas cent ans, je faisais semblant
C'étaient qu' des mots, du vent
Mais j'aimerais bien les avoir demain
Même aujourd'hui j' veux bien
Pour jouir enfin du bonheur
D'avoir pu traverser
Sans me faire écraser
Cette pute de vie, ses malheurs
Ses horreurs, ses dangers
Et ses passages cloutés

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Socialiste
(Paroles : Renaud Séchan) 

J'peux pas dire qu'elle était vulgaire
Ou arrogante
L'était même plutôt au contraire
Elégante
Comme une tartine de confiture
Dans l' café
Comme un graffiti sur le mur
Des W.C.

J' l'ai rencontrée dans une manif'
Pacifiste
Ca castagnait sérieux avec
La police
J' m'étais fait mal en balaçant
Un pavé
J' m'étais foulé la ch'ville du bras
Le poignet

Elle était socialiste
Protestante et féministe
Un peu chiante et un peu triste
Institutrice

Croyait qu' le matin du grand soir
Allait v'nir
Croyait au grand souffle d'espoir
Sur l'av'nir
Genre de conn'ries qu' déjà quèqu' part
J'avais lues
Dans Minute ou dans un journal
Je sais plus

Elle m'a parlé d' Bernard Tapie
Enthousiaste
M'a dit qu'il avait du génie
Et d' la classe
J'ui ai dit : t'as raison, Ginette
C'est Karl Marx
En plus balèze, en plus honnête
En plus efficace

Moi j'étais rien-du-toutiste
Anarcho-mitterandiste
J' sais même pas si ça existe
Mais ça m'excite

Pi elle m'a dit qu'elle avait des
Relations
Qu'elle était pote avec un pote
A Tonton
Qu'elle avait dîné y'a un mois
Chez Jack Lang
Que Guy Bedos avait r'pris quatr' fois
De la viande

J'ui ai dit qu' moi j' fréquentais plus
Les salons
Que j'avais connu Charles Hernu
En prison
Qu' j'avais bouffé une fois dans un
Ministère
Qu'objectivement c'était meilleur
Chez ma mère

Elle était socialiste
S' méfiait des écologistes
Détestait les communistes
Et les dentistes

J'ui ai dit : Ginette, faut plus m' parler
D' politique
On va finir par s'engueuler
C'est classique
Comment veux-tu que j' sois d'accord
Avec toi
J'ai d'jà du mal à être d'accord
Avec moi

Elle m'a dit : J' m'appelle pas Ginette
D' toutes façons
J' m'appelle Simone, si ça t' fait rien
J'ai dit : Bon
Pi faut qu' j' m'en aille, faut que j' retourne
Gare de Lyon
Avant qu'on m' vole ma mobylette
Ca s'rait con

C'est comme ça qu' ma socialiste
Qui avait si peur des voleurs
M'a largué en pleine manif
A cause d'un vélomoteur
Comment tu veux changer la vie
Si tu balises pour ton bien ?
On peut pas être à la fois
Un mouton et un mutin

On peut pas être à la fois
Et au four et au moulin
On peut pas être à la fois
Jean Dutour et Jean Moulin

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Petite
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
 Un briquet allumé dans ton p'tit poing levé
Ton regard qui se noie dans mes yeux délavés
Un keffieh un peu louche jeté sur tes épaules
Mon prénom dans ta bouche, ma photo dans ta piaule

Tes lèvres qui murmurent ces futiles refrains
Qui rouvrent des blessures dans ton coeur et le mien
Ton sourire un peu triste, une larme en cadeau
A l'accordéoniste qui fait pleurer mes mots

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se lève

Une petite main jaune au revers du zomblou
Un côté un peu zone pour crier ton dégoût
De ce monde trop vieux, trop sale et trop méchant
De ces gens silencieux, endormis et contents

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se lève

Et puis ce déchirures à jamais dans ta peau
Comme autant de blessures et de coups de couteau
Cicatrices profondes pour Malik et Abdel
Pour nos frangins qui tombent, pour William et Michel

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se lève

         - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Chanson dégueulasse
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
 Il s'appelait Hugues, il était pas moche
Pas trop con non plus, y vivait tout seul
Il avait pas la langue dans sa poche
Sinon c'est sa poche qu'aurait pué d' la gueule
 
L'avait en effet un problème sévère
Qui depuis tout p'tit lui causait souci
Il avait l'haleine d'un vieux camembert
Le souffle violent d'un printemps pourri
 
Comme un gars qu'aurait bouffé du vautour
Roulé des galoches à un troupeau d'hyènes
Y r'foulait du goulot comme si d'puis toujours
L'avait embrassé les idées d' Le Pen
 
Ca schlinguait un peu comme une morgue en grève
Comme un sac poubelle longtemps oublié
Comme un poisson mort échoué sur la grève
Comme une charogne au fond d'un fossé
 
Chanson dégueulasse mais chanson profonde
Chanson un peu crasse comme le monde
 
Il aimait Julie et la Julie donc
L'aimait en retour, elle qui jamais
N'avait pu conquir le coeur de quiconque
Accepta l'amour que le Hugues offrait
 
La jolie Julie avait elle aussi
Un problème grave, majeur et sérieux
Qui depuis petite lui causait souci
Elle puait des pieds - d'un seul ? non, des deux
 
Comme quelqu'un qu'aurait marché dans la tête
A Ducon-Pauwels ou à B.H.L.
Comme quelqu'un qu'aurait taillé ses chaussettes
Dans un vieux Libé aux pages culturelles
 
Ca schlinguait le vestiaire du Parc des Princes
Comme un chien mouillé mort depuis huit jours
Comme un barbecue dimanche en province
Comme un maillot jaune à l'arrivée du Tour
 
Chanson dégueulasse mais chanson jolie
Chanson un peu crasse comme la vie
 
Tous les deux s'affairent le soir de leurs noces
A se nettoyer ratiches et arpions
Lui frotte ses dents 'vec un balai brosse
Les rince au gas-oil, mange du savon
 
Elle s'est enfermée dans la salle de bains
Se nettoie les pieds au fer à souder
Y verse dessus les plus doux parfums
Shalimar, Opium et Ajax W.C.
 
Arrivés au lit, malgré leurs efforts
L'odeur est immonde, prenante, torride
Suffocante en diable, débandante à mort
Leur premier amour risque d'être un bide
 
Il lui dit: "Chérie, je dois t'avouer
Mon drame impossible, ma douleur secrète"
Elle lui dit: " T'inquiète, je l'ai deviné
Mon amour tu as bouffé mes chaussettes"
 
Chanson dégueulasse mais chanson d'amour
Chanson un peu crasse comme l'amour


         - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Putain de camion
(Paroles : Renaud Séchan) 
  
 Putain c'est trop con
Ce putain d' camion
Mais qu'est-ce qu'y foutait là
Putain de vie d' merde
T'as roulé dans l'herbe
Et nous, tu nous plantes là

J'espère au moins qu' là-haut
Y'a beaucoup moins d' salauds

Tu nous laisses avec les chiens
Avec les méchants les crétins
Sous un soleil qui brille moins fort et moins loin
J' voudrais m' blottir dans un coin
Avec Marius avec Romain
Pleurer avec eux jusqu'à la saint-glinglin

Putain j'ai la rage
Contre ce virage
Et contre ce jour-là
Où tu t'es vautré
Dire qu' c'était l'été
Dans ma tête y fait froid

J'espère au moins qu' là-haut
T'as acheté un vélo

Lolita a plus d' parrain
Nous on a plus notre meilleur copain
T'étais un clown mais t'étais pas un pantin
Enfoiré on t'aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Putain d' camion, putain d' destin, tiens ça craint

Enfoiré on t'aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Putain d' camion, putain d' destin, tiens ça craint
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